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indienne, il suivit pendant une heure environ la route prise par Nathan, puis il revint sur ses pas en marchant à reculons ainsi que ses compagnons, effaçant au fur et à mesure les empreintes, pas cependant avec assez de soin pour qu’un examen attentif ne les fit pas découvrir, mais assez pour que ceux qui les verraient ne soupçonnassent pas qu’elles avaient été laissées exprès.

Après deux heures de cette marche fatigante pendant laquelle les aventuriers n’avaient pas échangé une parole, ils arrivèrent sur une espèce de plateforme granitique où ils étaient on ne peut mieux pour se reposer quelques instants, sans craindre de laisser de traces de leur passage, car le roc était trop dur pour conserver les empreintes de leurs pas.

— Ouf ! murmura Fray Ambrosio, je ne suis pas fâché de reprendre haleine ; quelle chienne de corvée !

— Vous êtes déjà fatigué, señor Padre, répondit Sutter en ricanant ; eh bien, vous vous y prenez de bonne heure : attendez donc ; ce que nous avons fait jusqu’à présent n’est rien, vous verrez bientôt.

— Je doute que la route que nous suivrons maintenant présente autant de difficultés ; diable ! se serait à y renoncer.

— Dame ! si vous préférez faire cadeau de votre chevelure à ces démons de Comanches, c’est la chose la plus facile du monde, vous n’avez qu’à rester tranquillement où vous êtes, vous pouvez être certain qu’ils ne tarderont pas à venir vous trouver ; vous savez que les Peaux-Rouges sont comme les ogres, la chair fraîche les attire, ils la sentent de loin.

— Canarios ! j’aimerais mieux être rôti à petit feu que de tomber entre les mains de ces païens maudits.