Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’accepte avec joie la proposition de mon frère, nous partirons donc.

— Partons, fit l’Américain.

Après s’être levé et avoir rajusté son vêtement, l’Indien se baissa pour prendre un léger paquet renfermant probablement son mince bagage de voyage.

Nathan profita du moment ; d’un geste prompt comme l’éclair, il dégaina son couteau et l’enfonça jusqu’au manche entre les deux épaules de l’Indien.

Le malheureux poussa un cri étouffé, étendit les bras et tomba roide mort.

L’Américain retira flegmatiquement son couteau de l’horrible blessure, l’essuya dans l’herbe et le repassa à sa ceinture.

— Hum ! fit-il en ricanant, voilà un pauvre diable de sorcier qui n’en savait pas long ; voyons si je serai plus fort que lui.

Tout en causant avec le Peau-Rouge, qu’il n’avait pas d’abord l’intention de tuer, et dont il voulait seulement se faire une sauvegarde, une idée subite avait traversé sa pensée.

Cette idée, qui semblera de prime-abord extraordinaire, sourit au bandit, à cause de l’audace et de la témérité quelle exigeait pour être convenablement mise à exécution et surtout pour réussir.

Il s’agissait simplement d’endosser le costume du sorcier et de se faire passer pour lui auprès des Peaux-Rouges.

Depuis longtemps au fait des habitudes et des coutumes indiennes, Nathan ne doutait pas qu’il parvînt à jouer ce rôle difficile avec toute la perfection nécessaire pour tromper des yeux même plus clairvoyants que ceux des Indiens.