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obéira sans murmurer. Ce moyen vous convient-il ?

— Comme il faut en finir, dit Nathan, le plus tôt sera le mieux ; autant ce moyen qu’un autre, je ne m’y oppose pas.

— Ni moi non plus, fit Sutter.

— Bah ! s’écria le moine, j’ai toujours eu du bonheur aux jeux de hasard.

— Ainsi, c’est bien convenu, vous jurez que celui sur lequel le choix tombera obéira sans hésitation et accomplira sa tâche avec conscience ?

— Nous le jurons ! dirent-ils d’une commune voix ; allez, Cèdre-Rouge, et terminons-en.

— Oui ; mais, observa le Cèdre-Rouge, de quelle façon consulterons-nous le sort ?

— Que cela ne vous embarrasse pas, compadre, dit en riant Fray Ambrosio ; je suis homme de précaution, moi.

Tout en parlant ainsi, le moine avait fouillé dans ses bottes vaqueras et en avait tiré un jeu de cartes crasseux.

— Voilà l’affaire, continua-t-il d’un air triomphant. Cette belle enfant, fit-il en se tournant vers Ellen, battra les cartes, l’un de nous coupera, puis elle nous distribuera à chacun les cartes, une par une, et celui qui aura le dos de espadas devra faire la double piste : cela vous convient-il ainsi ?

— Parfaitement, répondirent-ils.

Ellen prit les cartes des mains du moine et les battit pendant quelques instants.

Un zarapè avait été étendu sur la terre auprès du feu, afin que l’on pût distinguer la couleur des cartes à la lueur des flammes.

— Coupez, dit-elle en posant le jeu sur le zarapè.