les autres ; pendant que nous fuirons d’un côté, il s’échappera du sien en cherchant, tout en cachant ses traces, à attirer l’ennemi sur ses pas. De cette façon, il nous ouvrira un passage par lequel nous passerons sans être découverts. Comprenez-vous maintenant ?
— Caspita ! si je comprends, je le crois bien ! l’idée est magnifique, s’écria le moine avec enthousiasme.
— Il ne s’agit plus que de la mettre à exécution.
— Oui, et sans retard.
— Fort bien. Quel est celui qui s’offre pour sauver ses compagnons ?
Nul ne répondit.
— Eh bien, reprit le Cèdre-Rouge, vous gardez le silence ? Voyons, Fray Ambrosio, vous qui êtes dans les ordres, un bon mouvement !
— Merci, compadre ! je n’ai jamais eu de vocation pour le martyre. Oh ! je ne suis nullement ambitieux, moi.
— Il faut cependant sortir de là.
— Caramba ! je ne demande pas mieux ; seulement je ne me soucie pas que ce soit aux dépens de ma peau ou de ma chevelure.
Le Cèdre-Ronge réfléchit un instant. Les aventuriers le regardèrent avec anxiété, attendant en silence qu’il eût trouvé la solution de ce problème si difficile à résoudre.
Le squatter releva la tête.
— Hum ! dit-il, toute discussion serait inutile : vous n’êtes pas hommes à vous laisser prendre par les sentiments.
Ils firent un geste affirmatif.
— Voici ce que nous ferons : nous tirerons au sort à qui se dévouera ; celui que le hasard désignera