Le squatter pâlit ; par un geste instinctif il regarda la montre : effectivement une tache de sang se faisait voir sur la boîte.
Nathan éclata d’un rire grossier et strident.
— Bravo ! dit-il, bien vu ! la petite a, ma foi, deviné du premier coup, by God !
Le Cèdre-Rouge, qui avait baissé la tête au reproche de la jeune fille, se redressa comme si un serpent l’avait piqué.
— Oh ! je vous avais dit de vous taire ! s’écria-t-il avec fureur, et, saisissant l’escabeau sur lequel il était assis, il le lança à la tête de son fils.
Celui-ci évita le coup et dégaîna son couteau.
Une lutte était imminente.
Sutter, appuyé contre les parois du jacal, les bras croisés et la pipe à la bouche, se préparait avec un sourire ironique à demeurer spectateur du combat.
Ellen se jeta résolûment entre le squatter et son fils.
— Arrêtez ! s’écria-t-elle, arrêtez, au nom du ciel ! Eh quoi, Nathan, vous osez menacer votre père ! et vous, vous ne craignez pas de frapper votre fils premier-né ?
— Que le diable torde le cou à mon père ! répondit Nathan ; me prend-il donc pour un enfant ? ou bien croit-il que je sois d’humeur à supporter ses injures ? Vrai dieu ! nous sommes des bandits, nous autres ; notre seul droit est la force, nous n’en reconnaissons pas d’autre ; que le père me fasse des excuses, et je verrai si je dois lui pardonner !
— Des excuses à vous, chien ! s’écria le squatter ; et, bondissant comme un tigre, par un mouvement