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complet, elle passe tout à coup, sans transition aucune, à la plus grande confiance.

Dès que l’on fut au camp, Valentin ralluma le feu que depuis deux jours on avait laissé s’éteindre, puisqu’il était devenu inutile.

Seulement, comme la vue de la fumée aurait sans doute éveillé les soupçons du Cèdre-Rouge, si, ce qui était probable, il était blotti aux environs, en lui révélant la position exacte de ceux qui le poursuivaient, les chasseurs firent rôtir leurs provisions dans une grotte qui s’ouvrait sur le flanc de la colline où ils avaient établi leur camp.

Puis, lorsque tout fut prêt, ils se mirent à manger.

Ce fut seulement lorsque leur première faim fut calmée, qu’ils songèrent à remercier le chef indien du repas copieux qu’il leur avait procuré par son adresse, repas dont ils avaient un si pressant besoin.

Mais alors, ce dont ils ne s’étaient pas aperçus encore, tant ils avaient hâte d’assouvir la faim qui les dévorait, ils remarquèrent que l’Araucan n’avait pas conquis les vivres qu’ils avaient mangés sans courir des dangers assez sérieux ; en effet, Curumilla portait au visage, aux épaules et à la poitrine des blessures assez graves, faites avec les serres et le bec des aigles qui devaient avoir courageusement défendu leurs provisions.

Avec ce stoïcisme indien que rien ne peut égaler, Curumilla, toujours calme et silencieux, étanchait gravement le sang qui coulait de ses blessures, dédaignant de se plaindre, paraissant, au contraire, gêné de l’inquiétude que lui témoignaient ses compagnons.

Lorsque le repas fut terminé, Valentin poussa un