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Leur camp était placé sur le sommet d’une roche escarpée, dans une position inexpugnable.

Après leur visite au jacal, ils n’avaient pas été longtemps à découvrir les traces des fugitifs et les avaient suivies pendant quatre jours.

Ces traces aboutissaient à la sierra de los Comanches, les chasseurs s’étaient bravement engagés dans les défilés obscurs des montagnes, mais tout à coup les traces avaient disparu comme par enchantement, et depuis il avait été impossible de les retrouver.

Les recherches incessantes des chasseurs n’avaient abouti qu’au résultat désastreux pour eux de les perdre dans la sierra, sans que, malgré tous leurs efforts, ils pussent reconnaître un sentier au moyen duquel il leur fût possible de se remettre dans le bon chemin.

Depuis deux jours leurs vivres étaient complètement épuisés, ils commençaient à sentir les étreintes de fer de la faim.

La position n’était plus tenable ; à tout prix il fallait en sortir.

Valentin et ses compagnons avaient donc, malgré l’épuisement de leurs forces, escaladé le pic sur le sommet duquel nous les avons vus, afin de chercher un chemin.

Mais cette audacieuse tentative, au lieu d’un résultat, en avait obtenu deux, puisque non-seulement le Français disait avoir découvert ce qu’il cherchait, mais encore que Curumilla avait trouvé des vivres.

Aussi les cinq hommes regagnèrent-ils tout joyeux ce camp qu’ils avaient quitté la mort dans le cœur.

Nul, s’il ne s’est trouvé dans une situation analogue, ne peut se figurer la sensation de bonheur extrême qui envahit l’âme lorsque, du désespoir le plus