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XXI.

Curumilla.

Un mois environ après les événements que nous avons rapportés dans notre dernier chapitre, dans les premiers jours du mois de décembre, que les Indiens comanches nomment dans leur langue harmonieuse et imagée ah-escia kiouska-oni, c’est-à-dire la lune du chevreuil qui jette ses cornes, quelques instants à peine après le lever du soleil, une troupe composée de cinq ou six hommes, qu’à leur costume il était facile de reconnaître pour des coureurs des bois des prairies du Far West, gravissait un des pics les plus élevés de la Sierra de los Comanches, chaîne orientale des montagnes Rocheuses qui s’étend jusqu’au Texas, où elle se termine par le mont Guadalupe.

Le temps était froid, une épaisse couche de neige couvrait les flancs des montagnes. La pente que suivaient ces hardis aventuriers était si escarpée que, bien qu’ils fussent habitués à voyager dans ces régions, ils étaient souvent forcés de rejeter leurs rifles derrière le dos et de grimper en s’aidant des mains et des genoux.

Mais aucune difficulté ne les rebutait, aucun obstacle n’était assez fort pour les contraindre à rebrousser chemin.

Parfois, épuisés de fatigue et trempés de sueur, ils s’arrêtaient pour reprendre haleine, s’étendaient sur la neige, en ramassaient quelques poignées afin d’étancher la soif ardente qui les dévorait, puis, dès qu’ils étaient un peu reposés, ils se remettaient cou-