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Tout ce que lui avait dit le père Séraphin pour lui faire prendre patience n’avait fait qu’endormir sa douleur, pour ensuite redoubler son impatience et ses craintes.

Ce qu’elle avait vu, ce qu’elle avait entendu raconter depuis son débarquement en Amérique, tout cela n’avait fait qu’ajouter à son anxiété en lui montrant combien dans ce pays la vie ne tient souvent qu’à un fil. Aussi, lorsque le missionnaire lui annonça que dans huit jours au plus tard elle embrasserait son fils, son saisissement et sa joie furent tels qu’elle fut sur le point de s’évanouir et pensa mourir.

Elle ne crut pas d’abord à un tel bonheur.

À force d’espérer en vain, elle en était arrivée à un si grand degré de méfiance qu’elle supposa que le bon prêtre lui disait cela pour lui faire prendre patience encore quelque temps, et qu’il lui promettait cette réunion suprême comme on promet à des malades désespérés des choses qui jamais ne se doivent réaliser.

Cependant le père Séraphin, bien qu’il fût certain que Valentin était en ce moment dans la prairie, ne savait pas dans quel lieu il se trouvait.

Aussitôt arrivé dans la grotte qu’il habitait provisoirement, il expédia quatre de ses Indiens dans quatre directions différentes, afin de prendre des renseignements et de lui rapporter des nouvelles positives du chasseur.

La mère de Valentin était présente lorsque le missionnaire dépêcha ses courriers ; elle entendit les instructions qu’il leur donna, les vit partir, et alors elle se mit à compter les minutes jusqu’à leur retour, supputant dans son esprit le temps qu’ils devaient employer pour rencontrer son fils, le temps qu’il leur