Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment vous trouvez-vous ? demanda le missionnaire.

— Bien ; je serais tout à fait guéri si mes forces étaient entièrement revenues, mais cela ne peut tarder, je l’espère.

— Tant mieux ! car si mon absence a été longue, vous en êtes un peu la cause.

— Comment cela ? fit le squatter avec curiosité.

— Vous savez que vous m’avez, il y a quelque temps, manifesté le désir de vivre dans la prairie.

— En effet.

— Ce qui, du reste, reprit le missionnaire, me semble beaucoup plus prudent de votre part, et vous donnera les moyens d’échapper aux poursuites de vos ennemis.

— Croyez, mon père, dit gravement le Cèdre-Rouge, que je n’ai nullement le désir d’échapper à ceux que j’ai offensés ; si ma mort pouvait racheter les crimes dont je me suis rendu coupable, je n’hésiterais pas à sacrifier ma vie en expiation à la vindicte publique.

— Je suis heureux, mon ami, de vous savoir dans ces bons sentiments, mais je crois que Dieu, qui ne veut dans aucun cas la mort du pécheur, sera plus satisfait de vous voir par une vie exemplaire réparer autant qu’il sera en vous le mal que vous avez fait.

— Je vous appartiens, mon père ; ce que vous me conseillerez sera un ordre pour moi, ordre que j’accomplirai avec bonheur. C’est surtout depuis que la Providence a permis que je vous rencontrasse que j’ai compris l’énormité de mes crimes. Hélas ! je n’en suis pas seul responsable : n’ayant jamais eu devant moi que de mauvais exemples, j’ignorais la différence