Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bon, bon, fit l’autre en riant ; cela n’empêche pas que Jalapa soit une bonne ville.

— Au contraire ; continuez.

— Je continue. Donc vous saurez que nous avons à Jalapa un proverbe.

— C’est possible ; à la rigueur même cela n’a rien d’étonnant.

— C’est vrai ; mais ce proverbe, vous ne le connaissez pas, hein !

— Non, j’attends que vous me le citiez.

— Le voici : Voulez-vous de la compagnie ? battez les cartes.

— Je ne comprends pas.

— Bah !

— Ma foi, non.

— Cependant, rien n’est plus facile ; vous allez voir.

— Je ne demande pas mieux, fit la jeune fille, que cette conversation amusait outre mesure.

L’inconnu se leva, mit ses cartes dans sa poche avec ce respect que tout joueur de profession apporte à cette opération, et, s’appuyant nonchalamment sur le cou du cheval de la jeune fille :

— Par suite de raisons trop longues à vous raconter, je me trouve seul, perdu dans cette immense prairie que je ne connais pas, moi honnête habitant des villes, nullement au fait des mœurs et coutumes du désert, et, pour cette raison, naturellement en passe de mourir de faim.

— Pardon, si je vous interromps ; seulement je vous ferai observer qu’il y a quelque chose comme trois cents milles d’ici à la ville la plus proche, et que par conséquent il doit à la rigueur y avoir déjà quel-