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— Eh quoi ! fit le chasseur avec étonnement, le Cèdre-Rouge est votre ennemi !

— Mortel ! fit-elle avec une expression de haine terrible. Oh ! je comprends que vous, qui m’avez vue auprès de lui l’aider dans ses desseins, vous ne puissiez pas concevoir un tel changement. Écoutez : à l’époque où je cherchais à servir ce misérable, je le croyais seulement un de ces bandits comme il y en a tant dans le Far West.

— Au lieu qu’aujourd’hui ?

— Aujourd’hui, reprit-elle, je sais ce que j’ignorais alors, j’ai un compte terrible à lui demander.

— Loin de moi la pensée de pénétrer vos secrets ; seulement, permettez-moi de vous faire une observation.

— Faites.

— Le Cèdre-Rouge n’est pas un ennemi vulgaire, un de ces hommes que l’on puisse facilement réduire ; vous le savez aussi bien que moi, n’est-ce pas ?

— Oui, eh bien ?

— Ce que des hommes comme mes amis et moi aidés par des guerriers nombreux n’ont pu faire, auriez-vous la prétention d’y réussir ?

La Gazelle blanche sourit.

— Peut-être, dit-elle ; j’ai des alliés, moi aussi, et ces alliés, si vous le désirez, caballero, je vous les ferai connaître.

— Dites, madame, car, réellement, votre calme et votre assurance m’effrayent malgré moi.

— Merci, caballero, de l’intérêt que vous me portez ; le premier allié sur lequel je compte, c’est vous.

— C’est juste, fit le chasseur en s’inclinant ; quand mes sentiments pour vous ne m’y porteraient pas, le