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égoïsme qui s’est depuis quelques années implanté dans le cœur de chacun et y réside en maître.

À deux causes doivent être attribués le personnalisme et l’égoïsme qui régissent les actions de la grande famille humaine en Europe :

La découverte de l’or en Californie, en Australie et à la rivière Frazer ;

Et surtout la Bourse.

La Bourse, cette plaie du vieux monde. La conséquence est facile à tirer : dès que chacun a cru qu’il lui était loisible de s’enrichir du jour au lendemain, nul n’a plus songé à son voisin resté pauvre que pour le considérer comme un être incapable d’améliorer sa position. De ce que nous venons de dire il ressort ceci : c’est que les hommes qui ont le courage de sortir du tourbillon enivrant qui les entoure, de mépriser ces richesses qui miroitent et ruissellent autour d’eux, pour aller, poussés seulement par cette charité chrétienne, la plus sainte et la moins récompensée de toutes les vertus, s’enterrer parmi les sauvages, au milieu des hordes les plus hostiles à tout sentiment bon et honnête, dans les contrées les plus mortifères, ces hommes qui, de gaieté de cœur, poussés seulement par un sentiment divin, font l’abandon de toutes les jouissances terrestres, sont des âmes d’élite et ont, sous tous les rapports, bien mérité de l’humanité.

Leur nombre est beaucoup plus grand que l’on ne le supposerait au premier abord, et cela est très-logique ; à côté de la passion de l’or devait se trouver la passion du dévouement, afin que l’éternelle balance du bien et du mal qui régit le monde restât toujours dans les proportions égales, qui sont les conditions de sa vitalité et de sa prospérité.