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il continuât son voyage ; bien plus, profitant de la fièvre qui l’abattait et le mettait dans l’impossibilité de se rendre compte de ce qui se passait autour de lui, ils l’avaient, à petites journées, transporté au Texas.

Lorsque le père Séraphin, grâce à sa jeunesse et à la force de sa constitution, avait enfin triomphé de la maladie qui, pendant un mois, l’avait cloué sur une couche de douleur, entre la vie et la mort, en proie à un délire continuel, son étonnement avait été grand de se trouver à Galveston, dans la maison même de l’évêque chef de la mission.

Le digne prélat, usant des pouvoirs spirituels que lui donnaient son caractère et son titre sur le missionnaire, avait exigé de celui-ci, non pas qu’il retournât au désert ; mais, au contraire, qu’il montât sur un navire en partance pour le Havre et qui n’attendait qu’un vent favorable pour appareiller.

Le père Séraphin n’avait obéi qu’avec douleur aux ordres de son supérieur ; il avait fallu que l’évêque lui prouvât que sa santé était presque perdue, que l’influence du sol natal pouvait seule la rétablir, pour qu’il se résignât à obéir et, ainsi qu’il le disait avec amertume, à fuir et abandonner son poste.

Le missionnaire partit donc, mais avec la ferme résolution de revenir aussitôt que cela lui serait possible.

La traversée de Galveston au Havre fut heureuse. Deux mois après son départ du Texas, le père Séraphin débarquait au Havre et posait le pied sur la terre natale, avec une émotion que ceux-là seuls qui ont longtemps erré en pays étranger pourront comprendre.

Puisque le hasard le ramenait en France, le mis-