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Le bandit éclata d’un rire sec et saccadé.

— Qu’il le fasse donc alors au nom du diable, s’écria-t-il, et je croirai en lui !

— Mon père, au nom du ciel, ne parlez pas ainsi, murmura la jeune fille avec douleur.

— Faites ce que je vous dis, sotte enfant, interrompit brutalement le squatter, et laissez-moi en repos.

Ellen se détourna pour essuyer les larmes que ces dures paroles lui causaient, et se leva tristement pour obéir au Cèdre-Rouge.

Celui-ci la suivit du regard.

— Allons, folle, lui dit-il en ricanant, consolez-vous, je n’ai pas voulu vous faire de peine.

La jeune fille rassembla toutes les branches sèches qu’elle put trouver, en fit un amas et y mit le feu. Bientôt le bois pétilla, et une longue et claire gerbe de flamme monta vers le ciel.

Elle prit dans les arçons les pistolets encore chargés du squatter et les plaça à portée de sa main, puis elle vint reprendre sa place à ses côtés.

Le Cèdre-Rouge sourit avec satisfaction.

— Là, dit-il, maintenant nous n’avons plus rien à redouter ; que les fauves viennent nous faire visite, nous les recevrons ; nous passerons la nuit tranquilles. Quant à demain, eh bien, ma foi, nous verrons !

Ellen, sans répondre, l’enveloppa le mieux qu’il lui fut possible dans les couvertures et les peaux qui étaient sur le cheval, afin de le garantir du froid.

Tant de soins et d’abnégation touchèrent le bandit.

— Et vous, Ellen, lui demanda-t-il, ne gardez-vous pas quelques-unes de ces peaux pour vous ?