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LA
LOI DE LYNCH


I.

Le Jacal

Vers les trois heures du soir un cavalier revêtu du costume mexicain, suivait au galop les bords d’une rivière perdue, affluent du Rio Gila, dont les capricieux méandres lui faisaient faire des détours sans nombre.

Cet homme, tout en ayant constamment la main sur ses armes et l’œil au guet afin d’être prêt à tout événement, excitait son cheval du geste et de la voix, comme s’il eût eu hâte d’atteindre le but de son voyage.

Le vent soufflait avec violence, la chaleur était lourde, les cigales poussaient, sous les brins d’herbe qui les abritaient, leurs cris discordants ; les oiseaux décrivaient lentement de longs cercles au plus haut des airs, en jetant par intervalles des notes aiguës ; des nuages couleur de cuivre passaient incessamment sur le soleil dont les rayons blafards étaient sans force, enfin, tout présageait un orage terrible.

Le voyageur ne semblait rien voir ; courbé sur le