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— Messieurs continua-t-il, nos projets marchent ; bientôt, je l’espère, nous atteindrons le but auquel nous tendons depuis si longtemps, de sortir de l’obscurité dans laquelle nous croupissons, pour conquérir notre place au soleil. L’Amérique est une merveilleuse terre, où toutes les ambitions peuvent se satisfaire. J’ai, ainsi que je m’y étais engagé la première fois que j’ai eu l’honneur de vous réunir, il y a quinze jours, fait toutes les démarches nécessaires ; nous avons réussi. Vous avez bien voulu me nommer directeur du mouvement mexicain ; merci, frères. Une concession de trois mille acres de terrain m’a été accordée à Guetzalli, dans la haute Sonora. Le premier pas est fait. De la Ville, mon lieutenant, est parti hier pour le Mexique, afin de prendre possession du territoire concédé. J’ai aujourd’hui une autre demande à vous adresser. Vous tous qui m’écoutez ici êtes Européens ou Américains du Nord ; vous me comprendrez. Depuis assez longtemps, spectateurs en apparence désintéressés des drames sans fin des républiques américaines, les Dauph’yeers, ces successeurs des Frères de la Côte, assistent impassibles aux revirements subits et aux révolutions sans pudeur des anciennes colonies espagnoles. L’heure est venue de nous jeter dans la lutte ; j’ai besoin de cent cinquante hommes dévoués. Guetzalli leur servira d’abri provisoire. Bientôt je leur dirai ce que j’attends de leur courage ; seulement, tâchez de faire ce que je veux tenter. L’entreprise que je médite et dans laquelle je périrai peut-être est toute dans l’intérêt de l’association ; si je réussis, chacun de ceux qui y auront pris part aura un large bénéfice et une position splendide, assurée. Vous