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gers ; quant à ceux-ci, vous les connaissez probablement aussi bien, si ce n’est mieux que moi.

— Du haut en bas de ma maison je n’ai pas d’autres personnes que ces caballeros, que, dites-vous, je connais. C’est possible, mais comme depuis qu’ils sont ici, grâce à la façon dont ils sont embossés, il m’a été impossible d’apercevoir le bout de leur nez, je n’ai pu en aucune façon les reconnaître.

— Vous êtes un niais, cher ami ; ces individus qui vous intriguent tant sont tous des Dauph’yeers.

— Vraiment ? s’écria l’hôte ébahi ; alors pourquoi donc cachent-ils leur visage ?

— Ma foi, maître Sarzuela, je crois que c’est que probablement ils ne se soucient pas de le laisser voir.

Et, riant au nez de l’hôtelier décontenancé, l’étranger fit un signe.

Deux hommes se levèrent, se précipitèrent sur le pauvre diable, et avant même qu’il devinât ce qu’on lui voulait, il se trouva garrotté si bel et si bien qu’il était dans l’impossibilité de faire un geste.

— Ne craignez rien, maître Sarzuela, il ne vous sera fait aucun mal, continua l’étranger. Seulement nous avons besoin de causer sans témoin, et comme vous êtes assez bavard de votre nature, nous prenons nos précautions : voilà tout. Ainsi, soyez tranquille, dans quelques heures vous serez libre. Allons ! vivement, vous autres, continua-t-il en s’adressant à ses hommes, bâillonnez-le, mettez-le sur son lit, et fermez la porte à double tour. Au revoir, mon digne hôte, surtout soyez patient.

Les ordres de l’étranger avaient été ponctuellement exécutés : le malheureux Sarzuela, ficelé et