Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

équilibre et à rétablir un peu d’ordre dans ses idées, l’inconnu, sans plus de cérémonie que s’il se fût trouvé dans sa propre maison, avait, aidé par quelques consommateurs auxquels il avait fait un signe, placé les volets aux fenêtres, fermé, verrouillé et cadenassé la porte aussi bien et avec autant de soin que Sarzuela lui-même en apportait d’ordinaire à cette délicate besogne.

— Là ! maintenant, voilà qui est fait, dit l’étranger en se tournant vers l’hôtelier ahuri, causons, voulez-vous, compadre ? Ah çà, est-ce que vous ne me reconnaissez pas ? ajouta-t-il en retirant son chapeau et montrant une tête fine et intelligente sur laquelle s’épanouissait en ce moment un sourire railleur.

— Oh ! el señor don Gaetano, dit Sarzuela, que cette rencontre fut loin de flatter et qui dissimula une horrible grimace.

— Silence ! fit l’autre. Venez.

D’un geste, il emmena l’hôtelier dans un coin de la salle, et se penchant à son oreille :

— Avez-vous des étrangers dans votre maison ? lui demanda-t-il à voix basse.

— Voyez, fit-il avec un geste piteux en désignant ses pratiques qui buvaient toujours, cette légion de démons a envahi mon établissement il y a une heure ; ils boivent bien, c’est vrai ; mais ils ont des mines suspectes fort peu rassurantes pour un honnête homme.

— Raison de plus pour que vous n’ayez rien à craindre. Du reste, ce n’est pas d’eux qu’il s’agit Je vous demande si vous avez des locataires étran-