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Dans une des rues les plus sales et les plus mal famées de Valparaiso s’élevait une maison que nous demandons au lecteur la permission de décrire en quelques mots.

Nous sommes contraint tout d’abord d’avouer que si l’architecte chargé de la construire s’était montré plus que sobre dans la distribution des ornements, il l’avait parfaitement édifiée pour l’industrie des différents propriétaires qui dans l’avenir devaient la posséder les uns après les autres.

C’était une échoppe bâtie en torchis : sa façade donnait sur la rue de la Merced ; le côté opposé plongeait sur la mer, au-dessus de laquelle, au moyen de pilotis, elle s’avançait à une certaine distance.

Cette maison était habitée par un aubergiste. Au rebours des constructions européennes, qui se rétrécissent au fur et à mesure qu’elles s’élèvent au-dessus du sol, celle-ci allait s’élargissant si bien que le haut était vaste et éclairé, tandis que la boutique et les autres pièces du bas étaient étroites et sombres.

Le propriétaire actuel avait habilement profité de cette disposition architecturale pour faire pratiquer dans l’épaisseur du premier au second étage une pièce à laquelle on arrivait par un escalier tournant caché dans le mur.

Cette pièce était construite de telle façon que les moindres bruits de la rue arrivaient clairs et distincts aux oreilles des personnes qui s’y trouvaient, tout en étouffant ceux qu’elles-mêmes pouvaient faire, si intenses qu’ils fussent.

Le digne aubergiste, possesseur de cette maison,