habité l’Amérique ; mais rien n’était plus incertain que ces on-dit, et ils n’auraient pas suffi pour lui faire ouvrir les salons du noble faubourg, si l’ambassadeur d’Autriche, sans cependant jamais s’expliquer sur son compte, ne lui avait chaleureusement, à son insu, servi de caution dans plusieurs circonstances délicates.
Le baron s’était lié plus intimement avec le comte qu’avec ses autres compagnons de plaisirs ; il semblait lui porter un certain intérêt, et plusieurs fois même, devinant la position gênée de son ami, il avait cherché par des voies détournées à lui venir en aide.
Le comte de Lhorailles, bien qu’il fût trop orgueilleux pour accepter ces offres, en avait gardé une grande reconnaissance au baron, et lui avait, sans y songer, laissé prendre sur lui une certaine influence.
— Parlez mais soyez bref, mon cher baron, dit M. de Lhorailles ; vous savez que la chaise m’attend.
Sans répondre, le baron tira le cordon de la sonnette.
Le garçon parut
— Renvoyez le postillon et dites-lui qu’il revienne à cinq heures du matin. Allez.
Le garçon s’inclina et sortit.
Le comte, de plus en plus étonné des façons d’agir de son ami, ne fit cependant pas la moindre observation ; il se versa un verre de champagne qu’il vida d’un trait, croisa les bras, s’appuya sur le dossier de son siège et attendit.
— Maintenant, messieurs, dit le baron de sa voix railleuse et incisive, puisque notre ami de Lhorailles nous a conté son histoire et que nous en sommes aux