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Les deux inconnus s’arrêtèrent devant la porte de cette auberge de bas étage.

— Votre parti est-il bien pris ? demanda le premier à l’autre,

— Parfaitement, répondit celui-ci.

Le guide frappa alors à tour de bras sur la porte vermoulue.

On fut assez longtemps à répondre : enfin une voix rauque cria de l’intérieur, tandis que le plus grand silence succédait comme par enchantement au vacarme qui avait régné jusqu’à alors.

Quien vive ?

Gente depaz ! répondit l’étranger.

— Hum ! fit la voix, ce n’est pas un nom, cela. Quel temps fait-il ?

— Un pour tous, tous pour un ; le cormuel souffle à décorner les bœufs sur la cime du Cerro-del-Huerfano.

La porte s’ouvrit immédiatement ; les voyageurs entrèrent.

D’abord ils ne purent rien distinguer au milieu de l’atmosphère épaisse et fumeuse de la salle et marchèrent au hasard.

Le compagnon du premier cavalier était bien connu dans cet antre, car le maître de la maison et plusieurs autres personnes s’empressèrent à l’envi autour de lui.

— Caballeros, dit-il en désignant la personne qui le suivait, ce señor est mon ami ; je vous prie d’avoir pour lui les plus grands égards.

— Il sera traité comme vous-même, Belhumeur, répondit celui qui paraissait être le maître de ce bouge ; vos chevaux ont été conduits au corral, où on les a mis à même d’une botte d’alfalfa. Quant à vous, la