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d’un voyage que j’entreprends dans le désert, et qui probablement doit être bien long.

Aux reflets de la lune, dont un rayon jouait en ce moment sur le visage de l’étranger, son compagnon considéra quelques secondes sa physionomie noble et pensive, où la douleur avait creusé déjà de profonds sillons.

— De sorte, lui dit-il enfin, que tous les logements vous seront bons ?

— Une nuit est bientôt passée. Je ne demande qu’un abri pour mon cheval et pour moi.

— Eh bien, si vous voulez me laisser vous servir de guide à mon tour, avant dix minutes vous aurez cela.

— J’accepte.

— Je ne vous promets pas un palais, je vous conduirai dans un pulqueria où moi-même j’ai l’habitude de descendre, lorsque le hasard m’amène dans le pays. Vous trouverez la société un peu mélangée ; mais que voulez-vous, à la guerre comme à la guerre, et, ainsi que vous l’avez dit vous-même, une nuit est bientôt passée.

— À la grâce de Dieu ! et en route.

Passant alors ses bras sous ceux de son compagnon, le nouveau guide saisit les rênes du cheval et le dirigea vers une maison située aux deux tiers environ dé la rue où ils se trouvaient et dont les fenêtres mal jointes flamboyaient dans la nuit comme les bouches d’une fournaise, tandis que des cris, des rires, des chants et des grincements aigres et saccadés de jarabès indiquaient que si le reste du pueblo était plongé dans le sommeil, là, du moins, on veillait.