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— Au Rancho.

— C’est aussi là que je me rends ; nous n’en sommes qu’à quelques pas, vous monterez en croupe derrière moi, nous conduirons votre cheval en bride, et nous partirons si vous le voulez.

— Je ne demande pas mieux. Vous croyez que mon cheval ne pourrait pas me porter ?

— Peut-être le ferait-il, car c’est une noble bête ; mais cela serait imprudent, vous risqueriez de le perdre ; mieux vaut, croyez-moi, employer le moyen que je vous ai indiqué.

— Oui, mais je crains…

— Quoi donc ? interrompit l’autre vivement, ne sommes-nous pas amis ?

— C’est juste. J’accepte.

Le cheval se releva assez lestement, et les deux hommes qui s’étaient si singulièrement rencontrés se mirent en route tous deux, ainsi que cela avait été convenu, montés sur le même animal.

Une vingtaine de minutes plus tard ils atteignirent les premières maisons du Rancho.

À l’entrée du village, le maître du cheval arrêta sa monture et se tournant vers son compagnon :

— Où voulez-vous descendre ? lui demanda-t-il.

— Cela m’est égal, répondit l’autre ; je saurai toujours me reconnaître. Allons d’abord où vous allez.

— Ah ! fit le cavalier en se grattant la tête, c’est que moi je ne vais nulle part.

— Comment ! vous n’allez nulle part ?

— Ma foi non. Vous me comprendrez dans un instant. Je suis aujourd’hui même débarqué à Guaymas ; le Rancho n’est pour moi que la première étape