Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Au contraire, parlez sans plus attendre, j’ai de mon côté plusieurs choses importantes à vous annoncer.




III

Deux vieilles connaissances du lecteur.

À cinq kilomètres environ de la ville s’élève le village de San-José de Guaymas, vulgairement nommé le Rancho.

Ce pueblo misérable se compose seulement d’une place de médiocre grandeur, coupée à angle droit par deux rues bordées de masures délabrées, habitées par les Indiens hiaquis, dont un grand nombre s’engage chaque année à Guaymas pour travailler comme ouvriers du port, charpentiers, commissionnaires, etc., et tous ces aventuriers sans aveu dont pullulent les plages du Pacifique depuis la découverte des placeres de la Californie.

La route qui conduit de Guaymas à San-José est tracée à travers une plaine aride et sablonneuse, où ne poussent que quelques nopals et quelques cactus rabougris, dont les branches désolées sont couvertes de poussière et font la nuit l’effet de blancs fantômes.

Le soir du jour où commence cette histoire, un cavalier enveloppé dans un zarapé relevé jusqu’aux yeux, suivait cette route et se dirigeait au galop vers le Rancho.

Le ciel, d’un bleu foncé, était émaillé d’étoiles brillantes ; la lune, parvenue au tiers de sa course, éclairait la plaine silencieuse et allongeait indéfiniment les grandes ombres des arbres sur la terre nue.