Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Capitaine ! s’écria le sergent avec reproche, prenez garde, vous n’avez pas le droit de vous tuer ; vous êtes notre chef, vous devez mourir le dernier de tous ; sinon, vous êtes un lâche !

Le comte bondit comme si un serpent l’eût piqué, et fit le geste de se précipiter sur le sergent ; l’expression de son visage était tellemenl farouche, son mouvement fut si terrible que le sergent eut peur, il recula.

Le capitaine profita de cette seconde de répit, appuya le canon du pistolet sur sa tempe droite et lâcha la détente ! il roula sur le sol, le crâne fracassé.

Les aventuriers n’étaient pas encore revenus de la stupeur que leur avait causée cet affreux événement que le nuage de poussière qu’ils avaient aperçu se déchira violemment et ils virent une troupe de cavaliers indiens, au milieu desquels se trouvaient une femme et deux ou trois blancs qui accouraient vers eux à toute bride.

Convaincus que, de même que les vautours accourent à la curée, les Apaches venaient leur donner le coup de grâce, ils n’essayèrent même pas une résistance impossible.

— Oh ! s’écria un des chasseurs en se précipitant à bas de son cheval et s’élançant vers eux, pauvres gens !

Les nouveaux venus étaient Belhumeur, Louis et leurs amis les Comanches.

En quelques mots, ils furent au courant de ce qui s’était passé, des tortures que les Français avaient endurées.

— Mais, s’écria Belhumeur, si les vivres vous