le courage d’assister à cette révélation et se leva en chancelant.
— Messieurs, dit-elle d’une voix faible, je me sens indisposée ; soyez assez bons pour me permettre de me retirer.
— En effet, s’écria le comte en s’élançant vers elle et lui offrant le bras pour la soutenir, vous êtes pâle, doña Anita. Permettez-moi de vous accompagner jusqu’à votre appartement.
— Je vous remercie, caballero ; je suis assez forte pour m’y rendre seule, et, tout en vous étant reconnaissante de votre offre, dispensez-moi de l’accepter.
— Comme il vous plaira, señorita, fit le comte intérieurement piqué de ce refus.
Don Sylva eut, une seconde, la pensée d’ordonner à sa fille de demeurer ; mais la pauvre enfant lui jeta un regard si désespéré qu’il ne se sentit pas le courage de lui imposer une plus longue torture.
— Allez, mon enfant lui dit-il.
La jeune fille se hâta de profiter de la permission ; elle s’élança hors du salon et se réfugia dans sa cbambre à coucher, où elle se laissa tomber sur un siège en fondant en larmes.
— Qu’a donc doña Anita ? demanda le comte avec intérêt dès qu’elle fut sortie.
— Des vapeurs, la migraine, que sais-je ? répondit l’haciandero en haussant les épaules ; toutes les jaunes filles sont ainsi ; dans quelques instants elle n’y pensera plus.
— Tant mieux I je vous avoue que j’étais inquiet.
— Maintenant que nous sommes seuls, ne voulez-vous pas que je vous donne le mot de l’énigme qui semblait tant vous intéresser ?