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ce que je viens de voir passe pour moi tout ce que j’avais remarqué jusqu’à présent. Je désirerais être fixé, et savoir si cdeci est une coutume dont je ne me doutais pas jusqu’à présent,

— De quoi parlez-vous donc ?

— Eh ! mais de ce que vous faisiez lorsque je suis arrivé, de cet or que vous semiez à pleines mains en rosée bienfaisante sur les bandits de toute espèce rassemblés devant votre maison ; vilaines plantes, soit dit entre nous, pour les arroser ainsi.

Don Sylva se mit à rire.

— Non ce n’est pas une coutume, répondit-il.

— Fort bien. Ainsi, vous vous donniez le passe-temps royal de jeter un million à la canaille ? Peste ! don Sylva, il faut être riche comme vous l’êtes pour se permettre une telle fantaisie.

— Ce n’est pas ce que vous croyez.

— Cependant j’ai vu pleuvoir les onces.

— En effet, mais elles ne m’appartenaient pas.

— De mieux en mieux, cela se complique ; vous augmentez considérablement ma curiosité.

— Je vais la satisfaire.

— Je suis tout oreilles, car cela devient intéressant pour moi comme un conte des Mille et une Nuits.

— Hum ! fit l’haciendero eu hochant la tête, cela vous intéresse plus que vous ne le supposez peut-être.

— Il serait possible ?

— Vous allez en juger.

Doña Anita était au supplice : elle ne savait quelle contenance tenir. Comprenant que son père allait tout divulguer au comte, elle ne se sentit pas