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étroite, à l’entrée de laquelle ils furent contraint d’abandonner leurs chevaux. C’est probablement à cette particularité, futile en apparence, que le placer devait de ne pas avoir été découvert encore par les Indiens : les Peaux-Rouges, dans aucune occasion, ne mettent pied à terre ; on peut, avec raison, dire d’eux ce que l’on dit des Gauchos des pampas de la bande orientale et de la Patagonie, qu’ils vivent à cheval.

Par un hasard singulier, pendant une de ses chasses, un daim, que la Tête-d’Aigle avait blessé, s’était engagé dans cette gorge pour y mourir ; le chef, lancé depuis déjà plusieurs heures à la poursuite de l’animal dont il désirait s’emparer, n’hésita pas à le suivre. Après avoir parcouru la gorge dans toute sa longueur, il était arrivé à un vallon, espèce d’entonnoir profondément encaissé entre des montagnes abruptes qui, excepté de ce côté, en rendaient l’accès non pas difficile, mais impossible. Là, il avait retrouvé le daim expirant sur un sable pailleté d’or et semé de pépites qui, aux rayons du soleil, brillaient comme des diamants.

En débouchant dans le vallon, les chasseurs ne purent réprimer un cri d’admiration et un tressaillement de joie nerveux.

Si fort que soit un homme, si solidement trempé qu’il soit, l’or possède une attraction irrésistible et lui cause une fascination puissante.

Belhumeur fut le premier qui reprit son sang-froid.

— Oh ! oh ! fit-il en essuyant la sueur qui coulait à flots sur son visage, il y a dans ce coin de terre bien des fortunes enfouies. Dieu veuille qu’elles y de-