— À un placer ! s’écrièrent les deux hommes avec étonnement.
— Oui ; que ferait un sachem indien de ces richesses immenses dont il ne saurait pas se servir ? L’or est tout pour les visages pâles, que mes frères soient heureux, la Tête-d’Aigle leur en donnera plus qu’ils ne pourront jamais en prendre.
— Un instant, un instant, chef ; que diable voulez-vous que je fasse de votre or, moi ? je ne suis qu’un chasseur auquel son cheval et son rifle suffisent. À l’époque où je parcourais la prairie en compagnie du Cœur-Loyal, bien souvent nous avons trouvé de riches pépites d’or natif sous nos pas, et toujours nous les avons abandonnées avec mépris.
— Qu’avons-nous besoin d’or, nous autres ? appuya don Luis ; oublions au contraire ce placere, quelque riche qu’il soit ; ne révélons son existence à personne, assez de crimes se commettent journellement pour de l’or ; renoncez à ce projet, chef. Nous vous remercions de votre offre généreuse, mais il nous est impossible de l’accepter.
— Bien parlé ! s’écria joyeusement Belhumeur. Au diable l’or, dont nous n’avons que faire, et vivons comme de francs chasseurs que nous sommes ! Pardieu ! chef, je vous assure bien que si vous m’aviez dit à la Noria dans quel but vous désiriez que je vous accompagnasse, je vous aurais laissé partir seul.
La Tête-d’Aigle sourit.
— Je m’attendais à la réponse que me font mes frères, dit-il ; je suis heureux de voir que je ne me suis pas trompé. Oui, l’or leur est inutile, ils ont raison mais ce n’est pas un motif pour le mépriser : comme toutes les choses mises sur la terre par