Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les quatre détachements revinrent les uns après les autres à l’hacienda sans avoir rien découvert. Bien qu’ils eussent fouillé le sol dans un rayon d’environ vingt lieues autour de la colonie ; bien que pas un buisson, pas un brin d’herbe eussent échappé à leur minutieuse investigation, la piste du père et de la fille fut introuvable ; nous en savons la raison : l’eau seule ne garde pas de traces ; don Sylva et doña Anita s’étaient laissé aller au courant du Rio-Gila.

— Vous le voyez, dit Belhumeur au comte, nous avons fait ce qu’il était humainement possible de faire pour ramener les deux personnes enlevées pendant le combat ; il est évident que les ravisseurs les ont embarquées sur le fleuve et conduites à une grande distance avant de descendre sur la rive. Qui sait maintenant où elles se trouvent ? les Peaux-Rouges vont vite, surtout lorsqu’ils fuient ; ils ont sur nous une immense avance, l’insuccès de nos efforts le prouve ; ce serait une folie que d’espérer les atteindre. Permettez-nous donc de nous éloigner ; peut-être pourrons-nous obtenir pendant notre voyage à travers la prairie des renseignements qui plus tard vous seront utiles.

— Je ne veux pas abuser plus longtemps de votre complaisance pour moi, répondit affectueusement le comte ; partez quand bon vous semblera, caballeros ; mais recevez l’expression de ma reconnaissance, et croyez que je serais heureux de vous la prouver autrement que par de stériles paroles. Du reste, moi-même je vais quitter la colonie ; peut-être nous rencontrerons-nous au désert.

Le lendemain, au lever du soleil, les chasseurs