Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ceux-ci reçurent modestement les compliments flatteurs du comte, et déclinèrent nettement toutes les propositions qu’il leur fit.

Ainsi que le lui dit Belhumeur, ils n’avaient eu d’autre mobile de leur conduite que celui de venir en aide à des compatriotes. Maintenant que tout était fini, que pour longtemps les Français se trouvaient à l’abri des attaques des sauvages, ils n’avaient plus qu’une chose à faire : prendre le plus tôt possible congé du comte et continuer leur voyage.

Monsieur de Lhorailles obtint cependant qu’ils passeraient encore deux jours à la colonie.

Doña Anita et son père avaient disparu d’une façon si mystérieuse que les Français, peu habitués aux ruses indiennes et ignorant complètement la manière de découvrir ou de suivre une piste dans le désert, étaient incapables de se mettre à la recherche des deux personnes qui avaient été enlevées.

Monsieur de Lhorailles avait intérieurement compté sur l’expérience de la Tête-d’Aigle et sur la sagacité de ses guerriers pour retrouver les traces de l’haciendero et de sa fille.

Il expliqua aux chasseurs, dans les plus grands détails, le service qu’il attendait de leur complaisance ; aussi ne crurent-ils pas devoir le refuser.

Le lendemain, au point du jour, la Tête-d’Aigle divisa son détachement en quatre troupes, commandées chacune par un guerrier renommé, et après avoir donné ses instructions à ses hommes, il les dispersa dans quatre directions différentes.

Les Comanches battirent l’estrade avec cette finesse et cette habileté que les Peaux-Rouges possèdent à un degré si éminent ; mais tout fut inutile.