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doña Anita en tombant à genoux et joignant les mains avec ferveur.

Le Tigrero se baissa vers la jeune fille, la prit dans ses bras avec une force décuplée par la douleur, et se tournant vers l’haciendero :

— Venez, s’écria-t-il, venez, suivez-moi ! peut-être nous reste-t-il encore une chance de salut !

Et il se précipita vers le fond de la caverne ; tous s’élancèrent à sa suite.

Ils coururent ainsi assez longtemps. Doña Anita, presque évanouie, laissait sa belle tête pâle s’appuyer sur l’épaule du Tigrero.

Celui-ci courait toujours.

— Voyez, voyez, dit-il, bientôt nous sommes sauvés !

Ses compagnons poussèrent un cri de joie ; ils avaient aperçu devant eux la lueur du jour.

Tout à coup, au moment où don Martial atteignait l’entrée et allait s’élancer au dehors, un homme parut.

Cet homme était l’Ours-Noir.

Le Tigrero bondit en arrière avec un rugissement de bête fauve.

— Aoah ! fit l’Apache d’une voix railleuse, mon frère sait que j’aime cette femme, et, pour me plaire, il se hâte de me l’apporter lui-même.

— Tu ne la tiens pas encore, démon ! s’écria don Martial en se plaçant résolument devant doña Anita un pistolet de chaque main ; viens la prendre.

On entendait dans les profondeurs de la caverne des pas qui se rapprochaient rapidement.

Les Mexicains étaient pris entre deux feux.

L’Ours-Noir, l’œil fixé sur le Tigrero, épiait tous