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l’était, il aurait voyagé entre ciel et terre, en passant de branche en branche, ainsi que cela lui était arrivé déjà en maintes occasions. Mais ce que pouvait faire un homme aussi résolu que lui, il ne fallait pas songer à le voir exécuter par une femme frêle et débile.

Un instant le Tigrero sentit, le cœur lui manquer, son courage faiblir ; mais ce désespoir n’eut que la durée de l’éclair. Don Martial se redressa avec hauteur et reprit soudain toute son énergie ; il continua à s’avancer vers la forêt, qu’il se mit à côtoyer, en furetant comme une bête fauve en quête d’une proie.

Tout à coup il poussa an cri de joie étouffé.

Il avait trouvé ce qu’il cherchait sans espoir de le rencontrer.

Devant lui, sous un dôme épais de verdure, serpentait un de ces étrots sentiers tracés par les bêtes féroces pour se rendre la nuit à l’abreuvoir, et qu’il fallait l’œil exercé du Tigrero pour l’avoir aperçu : il s’engagea résolument dans le sentier.

Ainsi que tous les chemins de bêtes sauvages, celui-ci faisait des détours sans nombre, revenant sans cesse sur lui-même. Après l’avoir suivi pendant assez longtemps, le Tigrero retourna sur ses pas et regagna la colline.

Ses compagnons, inquiets de son absence prolongée, l’attendaient avec impatience ; chacun accueillit son retour avec joie. Il leur rendit compte de ce qu’il avait fait et de la sente qu’il avait découverte.

Pendant que, de son côté, don Martial allait en reconnsaissance, un des peones avait fait, sur le flanc