Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils soient en état de nous porter ; ces quelques instants de répit permettront à doña Anita de reprendre des forces.

— Pauvre enfant ! murmura l’haciendero, c’est moi qui suis cause de ce qui arrive, c’est mon maudit entêtement qui l’a conduite là.

— À quoi bon récriminer, don Sylva ? nous sommes tous coupables ; oublions le passé, ne songeons qu’au présent.

— Oui, vous avez raison, à quoi bon discuter des faits accomplis ? Maintenant que je suis complétement réveillé, dites-moi donc ce que vous avez fait cette nuit, et pourquoi vous nous avez si brusquement obligés à partir.

— Mon Dieu ! don Sylva, mon récit sera court, cependant vous le trouverez, je le crois, fort intéressant. Vous allez en juger. Après vous avoir quitté hier au soir, pour aller à la découverte, vous vous le rappelez, je crois…

— Très-bien ! vous vouliez examiner de près un feu qui vous semblait suspect.

— C’est cela. Eh bien, je ne m’étais pas trompé ; ce feu était, ainsi que je le supposais, une embuscade tendue par les sauvages ; il avait été allumé par les Apaches. Je parvins à me glisser inaperçu au milieu d’eux et à entendre leur conversation. Savez-vous ce qu’ils disaient ?

— Dame ! je ne sais pas trop ce que de pareils idiots peuvent avoir à se dire, moi.

— Pas si idiots que vous le supposez peut-être un peu légèrement, don Sylva ; un de leurs coureurs rendait compte au sachem de la tribu d’une mission dont celui-ci l’avait chargé ; entre autres choses