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— À cheval ! dit-il d’un ton qui n’admettait pas de réplique.

— Qu’y a-t-il ? demanda l’haciendero encore à demi endormi !

— Il y a que si nous ne partons pas à l’instant, nous sommes perdus.

— Comment ? que voulez-vous dire ?

— À cheval ! à cheval ! chaque minute que nous passons ici nous approche de la mort ! Plus tard, je vous expliquerai tout.

— Mais, au nom du ciel, que se passe-t-il donc ?

— Vous le saurez ; venez, venez !

Sans rien écouter, moitié de gré, moitié de force, il obligea l’haciendero à se mettre in selle ; doña Anita y était déjà ; le Tigrero jeta un dernier regard autour de lui, et donna le signal du départ.

La petite caravane s’élança en avant de toute la vitesse des chevaux.



XXIII

Les Apaches.

Rien n’est triste comme une marche de nuit dans le désert, surtout dans des circonstances semblables à celles qui hâtaient nos personnages.

La nuit est la mère des fantômes ; dans les ténèbres, les paysages les plus gais deviennent sinistres, tout prend un corps pour effrayer les voyageurs ; la lune, quelque brillante que soit la lumière qu’elle déverse, imprime aux objets une apparence