pas, repassant dans son esprit tout ce qu’il avait entendu, et cherchant quel moyen il pourrait employer pour écarter de la tête de ses compagnons le danger affreux qui les menaçait.
Sa perplexité était extrême, il ne savait à quoi se résoudre ; il connaissait trop bien don Sylva de Torrès pour supposer qu’un intérêt personnel, si puissant qu’il fût, parviendrait à lui faire abandonner ses amis dans le péril où ils se trouvaient. Mais fallait-il sacrifier doña Anita à cette délicatesse, à ce point d’honneur mal entendu, pour un homme indigne sous tous les rapports de l’intérêt que lui portait l’haciendero ?
On pouvait, à force d’adresse et de courage, éviter les Apaches et leur échapper, mais comment échapper à la tempête qui, dans quelques heures peut-être, allait fondre sur le désert, bouleverser la topographie du sol, faire disparaître toutes les traces et rendre la fuite impossible.
Il fallait sauver la jeune fille à tout prix !
Cette pensée revenait incessamment à l’esprit bourrelé du Tigrero, et lui mordait le cœur comme un fer rouge ; il se sentait pris de rage froide en considérant l’impossibilité matérielle qui se plaçait implacable devant lui.
Comment sauver la jeune fille ? Constamment il s’adressait cette question, à laquelle il ne trouvait pas de réponse.
Pendant assez longtemps il chemina ainsi la tête basse, se creusant vainement l’esprit pour trouver un moyen terme qui lui permit d’agir à sa guise et de sortir de la position critique dans laquelle il se trouvait. Enfin, le jour se fit dans sa pensée ; il re-