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la Panthère les a abandonnés, après en avoir tué deux pour laisser un souvenir de son passage, puis il s’est dirigé vers le camp des guerriers de sa nation.

— Mon fils est fatigué, l’heure du repos est venue pour lui.

— Pas encore, répondit sérieusement l’Indien.

— Ooah ! que mon fils s’explique.

À cette parole, sans savoir pour quelle raison, le Tigrero, qui écoutait attentivement ce qui se disait, sentit son cœur se serrer.

L’Indien continua :

— Il n’y a pas que les Longs-Couteaux dans le désert : la Petite-Panthère a découvert une autre piste.

— Une autre piste ?

— Oui. Cette piste est peu visible ; il y a sept chevaux et trois mules en tout. J’ai reconnu le pas d’un de ces chevaux.

— Ooeh ! j’attends ce que mon fils va m’apprendre.

— Six guerriers yoris ayant une femme avec eux sont entrés dans le désert.

L’œil du chef lança un éclair.

— Une femme pâle ? demanda-t-il.

L’Indien baissa affirmativement la tête.

Le sachem réfléchit un instant, puis son visage reprit le masque d’impassibilité qui lui était habituel.

— L’Ours-Noir ne s’était pas trompé, dit-il, il sentait l’odeur du sang ; ses fils apaches auront une belle chasse. Demain à l’endit-ah[1], les guerriers monteront à cheval. La hutte du sachem est vide ; abandonnons maintenant les Grands-Couteaux à leur sort, ajouta-t-il en levant les yeux vers le ciel :

  1. Lever du soleil.