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femmes et se lamentent comme des enfants sans force et sans courage ; deux d’entre eux ne prendront pas cette nuit leur place accoutumée au feu du conseil de leurs frères.

Et d’un geste empreint d’une certaine noblesse, l’Indien releva l’espèce de blouse de calicot qui de son cou descendait à la moitié de ses cuisses, et montra deux chevelures sanglantes pendues à sa ceinture.

— Ooah ! firent les chefs avec joie, la Petite-Panthère a bravement combattu !

L’Ours-Noir fit signe au guerrier de lui donner les chevelures. Celui-ci les détacha et les lui remit.

Le sachem les examina avec soin. Les Apaches fixaient attentivement leurs regards sur lui.

Asch’eth[1] ! fit-il au bout d’un instant ; mon fils a tué un Long-Couteau et un Yori.

Et il rendit les deux chevelures au guerrier, qui les replaça à sa ceinture.

— Les faces pâles ont-ils découvert la trace des Apaches ?

— Les faces pâles sont des taupes ; ils ne sont bons que dans leurs grands villages de pierre.

— Qu’a fait mon fils ?

— La Panthère a exécuté de point en point les ordres du sachem ; lorsque le guerrier a reconnu que les faces pâles ne le voulaient pas voir, il s’est élancé au-devant d’eux en les narguant, et il les a entraînés pendant trois heures à sa suite dans l’intérieur du désert.

— Bon ! mon fils a bien agi. Qu’a-t-il fait ensuite ?

— Quand les Longs-Couteaux ont été assez loin,

  1. C’est bien.