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flanc abrupte du rocher ; enfin il se trouva au niveau du fourré de branches, au milieu duquel il se glissa et où il disparut sans qu’il fût possible de deviner sa présence en ce lieu.

De la cachette qu’il avait si heureusement atteinte, non-seulement il planait sur le camp indien, mais encore il entendait parfaitement les Peaux-Rouges causer entre eux.

Il est inutile de faire remarquer que don Martial comprenait et parlait parfaitement tous les idiomes des Peaux-Rouges, dont les nombreuses tribus parcourent les vastes solitudes du Mexique.

Ces Indiens, le Tigrero les reconnut immédiatement, étaient des Apaches.

Ainsi toutes ses prévisions s’étaient réalisées.

Autour d’un feu de fiente de bison, qui produisait une grande flamme tout en ne laissant échapper qu’un léger filet d’une fumée presque imperceptible, plusieurs chefs étaient gravement accroupis sur leurs talons et fumaient leurs calumets, tout en se chauffant, car le froid était vif.

Don Martial distingua au milieu d’eux l’Ours-Noir.

Le visage du sachem était sombre : il semblait en proie à une sourde colère ; souvent il relevait la tête avec inquiétude, et fixant son regard perçant sur l’espace, il interrogeait les ténèbres. Un bruit de pas se fit entendre, et un Indien entra à cheval dans la partie éclairée du camp.

Après avoir mis pied à terre, cet Indien s’approcha du feu, s’accroupit auprès de ses compagnons, alluma son calumet, et se mit à fumer, le visage impassible, bien qu’à la poussière qui le couvrait et au mouvement précipité de sa poitrine, il fût facile