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trop mûr a payé pour tout le monde, ainsi que cela arrive généralement.

— Je vous remercie de ces renseignements, qui me prouvent que nous ne nous sommes pas trompés et que nous avons suivi la bonne piste ; maintenant, vous est-il possible de compléter ces renseignements, en me faisant connaître si les Français ont quitté depuis longtemps les ruines, et dans quelle direction ils ont marché après être partis d’ici ?

— Ces questions sont fort simples à résoudre : la compagnie franche a quitté hier, quelques instants après le lever du soleil, son bivouac, pour entrer dans le désert.

— Dans le désert ! s’écria l’haciendero en laissant tomber ses bras avec abattement.

Il y eut un silence de quelques instants, pendant lequel les deux hommes réfléchirent chacun de leur côté. Enfin, don Sylva reprit la parole :

— C’est impossible, dit-il.

— Cependant, cela est.

— Mais c’est une imprudence fsans nom, presque de la folie !

— Je ne dis pas le contraire.

— Oh ! les malheureux !

— Le fait est que, s’ils en réchappent, c’est que Dieu fera un miracle en leur faveur.

— Je le crois comme vous ; mais, maintenant, c’est un fait accompli auquel nos récriminations ne changeront rien ; ainsi, don Sylva, je crois que le plus sage est de ne plus y penser et de les laisser se tirer de là comme ils le pourront.

— Est-ce donc votre pensée ?