dont on avait fermé l’entrée en suspendant devant le seuil pour remplacer la porte absente, une fressada de cheval attachée à des clous plantés dans le mur.
— Vous autres, dit le Tigrero en s’adressant aux peones, faites bonne garde si vous voulez conserver vos chevelures. Je vous avertis que nous sommes en pays ennemi, et que, si vous vous endormez, probablement vous le payerez cher.
Les peones assurèrent le Tigrero qu’ils redoubleraient de vigilance, et sortirent afin d’exécuter les ordres qu’ils venaient de recevoir.
Les deux hommes demeurèrent seuls en face l’un de l’autre.
— Eh bien ? reprit don Sylva en adressant de nouveau à son compagnon la même question que déjà il lui avait faite, avez-vous appris quelque chose ?
— Tout ce qu’il était possible d’apprendre, don Sylva, répondit brusquement le Tigrero ; s’il en était autrement, je serais un triste chasseur, et depuis longtemps les jaguars et les tigres auraient eu de moi bon marché.
— Les renseignements que vous vous êtes procurés nous sont-ils favorables ?
— C’est selon vos intentions : les Français sont venus ici, où ils ont bivouaqué quelques jours. Pendant leur séjour dans les ruines, ils ont été vigoureusement attaqués par les Apaches, que cependant ils sont parvenus à repousser. Maintenant, il est probable, bien que je ne puisse l’affirmer, que, pour une cause que j’ignore, les soldats de la compagnie se sont révoltés, et que le pauvre diable que nous avons vu pendu à un arbre comme un fruit