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grande salle, où déjà une fois nous avons conduit nos lecteurs.

Ce n’était pas la première fois que le Tigrero visitait ces ruines : souvent, pendant ses longues chasses dans les prairies de l’Ouest, elles lui avaient offert un refuge ; aussi en connaissait-il les plus cachés recoins.

C’était lui qui avait insisté auprès de ses compagnons pour qu’il dirigeassent leurs pas vers la Casa-Grande de Moctecuzoma, persuadé que là seulement le comte de Lhorailles pouvait trouver un bivouac commode et sûr pour sa compagnie.

La grande salle, au milieu de laquelle une table était encore dressée, présentait des traces non équivoques du passage récent de plusieurs individus, et du séjour assez prolongé qu’ils avaient fait en ce lieu.

— Vous voyez, dit-il à l’haciendero, que je ne me suis pas trompé : ceux que nous cherchons se sont arrêtés ici.

— C’est vrai ; pensez-vous qu’ils soient partis depuis longtemps ?

— Je ne saurais vous le dire encore ; mais pendant que vous vous installerez et qu’on préparera le repas du soir, j’irai jeter un coup d’œil au dehors ; à mon retour, je compte être plus heureux et pouvoir satisfaire votre curiosité.

Et fichant dans un crampon de fer scellé au mur la torche qu’il tenait à la main, le Tigrero sortit de la maison.

Doña Anita s’était laissée aller toute pensive sur une espèce de tabouret grossier qui se trouvait par hasard auprès de la table.