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— Mais je ne vois rien, reprit don Sylva, il fait noir comme dans un four.

— C’est vrai ; cependant si vous regardiez mieux l’objet que je vous indique, vous le reconnaîtriez facilement.

Sans répondre, l’haciendero poussa son cheval.

— Un homme pendu par les pieds ! s’écria-t-il en s’arrêtant avec un geste d’horreur et de dégoût. Que s’est-il donc passé ici ?

— Qui sait ? Cet individu n’est pas un sauvage, sa couleur et son costume ne permettent pas le plus léger doute à cet égard ; cpendant cet homme a sa chevelure, ce ne sont donc pas les Apaches qui l’ont tué ; qu’est-ce que cela signifie ?

— Une révolte peut-être, hasarda l’haciendero.

Don Martial devint pensif ; ses sourcils se froncèrent.

— Ce n’est pas possible ! murmura-t-il.

Puis il reprit au bout d’un instant :

— Entrons dans la maison ; ne laissons pas doña Anita seule plus longtemps ; notre absence doit l’étonner, et pourrait, si nous la prolongions plus longtemps, l’inquiéter. Lorsque le camp sera établi, je verrai, je chercherai, et je serai bien malheureux si je ne trouve pas le mot de l’énigme sinistre qui se présente si singulièrement à nous.

Les deux hommes s’éloignèrent et rejoignirent doña Anita, qui les attendait arrêtée à quelques pas sous la garde des peones.

Quand les voyageurs eurent mis pied à terre et franchi le seuil de la casa, don Martial alluma plusieurs torches de bois d’ocote, afin de se diriger dans les ténèbres, et guida ses compagnons vers la