avant ! je vous suivrai, et j’espère vous prouver bientôt que, si je suis prudent, je sais aussi, quand il le faut, être aussi brave que qui que ce soit.
— Merci, lui répondit le comte en lui serrant affectueusement la main ; j’étais sûr que vous ne m’abandonneriez pas.
En ce moment un grand bruit se fit entendre au dehors, et le lieutenant Diego Léon entra précipitamment.
— Qu’avez-vous donc, lieutenant ? lui demanda sévèrement le comte ; d’où vient ce visage effaré ? pourquoi entrez-vous ainsi ?
— Capitaine, répondit le lieutenant d’une voix haletante, la compagnie est révoltée.
— Hein ? comment dites-vous cela, monsieur, mes cavaliers se révoltent ?
— Oui, capitaine.
— Ah ! fit-il en mordant sa moustache ; et pourquoi se révoltent-ils, s’il vous plaît ?
— Parce qu’ils ne veulent pas entrer dans le désert.
— Ils ne veulent pas ? reprit le comte en pesant sur chaque syllabe ; êtes-vous sûr de ce que vous m’annoncez-là, lieutenant ?
— Je vous le jure, capitaine, et tenez, écoutez-les.
En effet, des cris et des blasphèmes, une rumeur toujours grandissante, qui commençait à prendre des proportions formidables, s’élevaient au dehors.
— Oh ! oh ! cela devient sérieux, il me semble, reprit le comte.
— Beaucoup plus que vous ne le supposez, capitaine ; la compagnie, je vous le répète, est complètement mutinée, les rebelles ont chargé les armes, ils