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— Et vous savez par qui doña Anita a été enlevée ?

— Je le sais.

— Ce n’est pas par les Peaux-Rouges ?

— C’est par cet homme, alors ?

— Par cet homme, oui.

— Mais son père, don Sylva de Torrès, a été enlevé aussi ?

— Je le sais ; mais lui, il n’y a pas mis la moindre bonne volonté, je vous le certifie.

— Où est don Sylva en ce moment ?

— Tranquille dans sa maison de Guaymas.

— Sa fille est-elle avec lui ?

— Non.

— Elle est avec cet homme, n’est-ce pas ?

— Vous êtes sorcier.

— Et vous savez dans quel lieu ils se trouvent ?

— Je le sais.

Prompt comme l’éclair, le comte bondit sur l’étranger, le saisit au collet de la main gauche, et, lui appuyant un pistolet sur la poitrine :

— Maintenant, misérable ! s’écria-t-il d’une voix rauque, tu vas me dire où il sont.

— Est-ce à ce jeu-là que nous jouons ! s’écria l’inconnu ; à votre aise, caballero.

Puis, écartant vivement son manteau, il dirigea vers la poitrine du comte deux pistolets qu’il tenait aux poings.

Le mouvement de l’étranger avait été si rapide que le comte n’aurait pu le prévenir. D’ailleurs un revirement subit venait de s’opérer dans son esprit. Abaissant son arme et la repassant à sa ceinture :