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que nulle loi n’est venue contraindre à des alignements, souvent monotones et toujours ennuyeux. Du reste, hâtons-nous de dire que, à part quelques maisons auxquelles on puisse réellement appliquer ce nom, les autres ne sont que d’affreux bouges, bâtis en pisé et déplorablement sales.

Dans la calle de la Merced, la principale, ou, pour être plus vrai, la seule rue de la ville, car les autres ne sont que des cloaques, s’élevait une maison à un étage, garnie d’un balcon et ornée d’un péristyle soutenu par quatre piliers, comme les autres habitations de Guaymas. Elle était recouverte d’une couche de chaux d’une éblouissante blancheur, et son toit était plat.

Le propriétaire de cette maison était un des plus riches mineros de la Sonora, possesseur d’une dizaine de mines, toutes en exploitation ; il se livrait en sus à l’élève des bestiaux, et possédait plusieurs haciendas dispersées dans la province, et dont la plus petite avait au moins autant d’étendue que l’un de nos départements de France.

Je suis certain que si don Sylva de Torrès avait voulu liquider sa fortune et se rendre compte un jour de ce qu’il possédait, il aurait réalisé plusieurs centaines de millions.

Don Sylva de Torrès était venu depuis quelques mois habiter Guaymas, où il ne faisait ordinairement que de fort courtes apparitions, et encore à de très-longs intervalles.

Cette fois, contrairement à ses habitudes, il avait amené avec lui sa fille Anita ; aussi, toute la population de Guaymas était-elle en proie à la plus grande curiosité et tous les regards étaient-ils fixés sur l’hô-