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sible de l’étranger, tout en réfléchissant profondément.

Enfin, l’inconnu se leva, et s’inclinant devant le comte :

— Que dois-je faire, señor, dit-il, demeurer ou partir ?

Monsieur de Lhorailles lui lança un regard perçant, que l’autre supporta sans manifester la moindre émotion.

— Demeurez, dit-il.

— Bien, répondit l’inconnu, et il se rassit sur sa butaca.

— Messieurs, continua le comte, en s’adressant à ses convives, vous avez entendu : veuillez m’excuser pour quelques minutes.

Les officiers se levèrent et se retirèrent sans répondre.

Le capataz sortit le dernier, après avoir dirigé sur l’inconnu un de ces regards qui fouillent le cœur d’un homme jusque dans ses plus cachés replis.

Mais, de même que celui du comte, ce regard s’émoussa sur le visage froid et impassible de l’étranger.

— Maintenant, señor, reprit Monsieur de Lhorailles, en s’adressant à son hôte, dès que la porte fut refermée, nous sommes seuls, j’attends l’accomplissement de votre promesse.

— Je suis prêt à vous satisfaire.

— Comment vous nommez-vous ? qui êtes-vous ?

— Pardon, monsieur, répondit l’étranger avec une aisance railleuse, si nous procédons ainsi, ce sera fort long, et puis vous n’apprendrez rien ou du moins fort peu de chose.