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— Commandant, soyez donc assez bon, fit le lieutenant Martin, pour nous mettre le plus tôt possible au courant de vos piquantes relations avec ce caballero.

— Ce serait avec plaisir, señores ; seulement, je prierai d’abord ce caballero, maintenant qu’il est, ainsi qu’ils semblait si vivement le désirer, arrivé jusqu’à moi, je le prierai, dis-je, de vouloir bien rompre un incognito qui a duré trop longtemps déjà, et de nous faire connaître son nom, afin que nous sachions qui nous avons l’honneur de recevoir.

L’inconnu se mit rire, et laissant tomber le pan de son manteau, qui jusque là avait caché son visage.

— Avec le plus grand plaisir, caballeros, répondit-il ; mais je crois que mon nom, pas plus que mon visage, ne vous apprendra rien. Nous ne nous sommes rencontrés qu’une fois, señor conde, et lors de cette entrevue la nuit était trop noire et la conversation trop vive entre mon compagnon et vous pour que mes traits, si vous les avez entrevus, soient restés bien profondément gravés dans votre mémoire.

— En effet, señor, répondit le comte qui l’avait curieusement et attentivement examiné, je dois avouer que je ne me souviens nullement de vous avoir vu déjà.

— J’en étais sûr.

— Alors, s’écria avec feu le comte ; pourquoi vous obstiner à cacher aussi minutieusement votre visage.

— Eh ! monsieur le comte, j’avais peut-être mes raisons pour en agir ainsi ; qui sait si un jour vous