ques années en Amérique, les opinions des Européens à l’égard des métis se modifient et finissent par changer complètement au fur et à mesure qu’ils se trouvent à même de juger sainement les gens avec lesquels ils sont en rapport, par une connaissance plus approfondie du pays. Mais le comte de Lhorailles n’en était pas encore là ; il ne voyait dans un Indien ou dans un métis qu’un être à peu près dépourvu de raison, et agissait avec lui suivant ce principe erroné.
Cette croyance devait avoir plus tard pour le comte des conséquences fort graves.
Monsieur de Lhorailles avait remarqué le haussement d’épaules du capataz ; il se préparait à lui répondre lorsque le sergent reparut suivi de l’étranger, sur lequel tous les yeux se fixèrent immédiatement.
L’étranger soutint sans se troubler le feu croisé des regards dirigés sur lui, et tout en demeurant parfaitement embossé dans les larges plis de son manteau, il salua les assistants avec une désinvolture sans égale.
L’apparition de cet homme dans la salle du festin avait causé aux convives une impression de malaise qu’ils ne purent expliquer, mais qui les rendit subitement muets.
XVII
Cucharès.
Ce silence qui menaçait de se prolonger commençait à devenir embarrassant pour tout le monde ;